Inhumations préhistoriques en Nouvelle-Calédonie
par Frédérique VALENTIN et Christophe SAND.
résumé
Les témoignages ethnographiques et la présence
d'ossements humains déconnectés en situation secondaire,
dont certains dans des poteries utilisées entre le début
et la fin du premier millénaire après J.-C., permettent
de supposer des pratiques funéraires complexes dans les sociétés
préhistoriques de la Nouvelle-Calédonie. L'inhumation est
un traitement du défunt possible dont les modalités : définitive
ou provisoire, peuvent être identifiées grâce à
leurs expressions archéologiques : la sépulture primaire
complète et la sépulture primaire incomplète. L'étude
montre que les deux modalités d'inhumation ont coexisté
durant la préhistoire néo-calédonienne, en s'appuyant
sur l'analyse détaillée de la sépulture primaire
incomplète de la localité WKO013A du site de Lapita (Koné),
datée à la charnière entre le premier millénaire
et le deuxième millénaire après J.-C., ainsi que
sur une analyse d'ensemble des sépultures à inhumations
de la Grande Terre. Les données ne permettent d'envisager ni une
dimension diachronique, ni une prépondérance d'une modalité
de traitement sur l'autre. Mais il apparaît, premièrement,
que les gestes funéraires mis en uvre par les sociétés
préhistoriques, notamment à la jonction entre le premier
et deuxième millénaires après J.-C., sont d'une complexité
analogue à celle de ceux décrits dans les sociétés
kanak du XIXe siècle et, deuxièmement, que certains adolescents
des sociétés préhistoriques pouvaient recevoir un
traitement funéraire qui, dans les sociétés traditionnelles,
semble plutôt réservé aux hommes âgés.
Mots clés : sépulture, Nouvelle-Calédonie, archéologie,
site de Lapita, archéo-anthropologie
summary
Ethnographical evidences added to the discovery of disarticulated human
bones in secondary disposition, some of them found in pieces of pottery
in use between the beginning and the end of the first millenium AD, allow
to hypothesize the existence of complex funerary practices among the prehistoric
societies of New Caledonia. Burial is one possible treatment of the dead,
the modalities of which - temporary or final - can be identified through
their archaeological expressions, that is complete or incomplete primary
burial.
A study based on both the detailed analysis of the WKO013A incomplete
primary burial found in the Lapita site of Koné dating from the
turning point between the first and second millenium AD, and a general
analysis of the burial places with inhumation found on the Grande Terre
shows that both modalities coexisted during the New Caledonian prehistory.
While the data do not allow considering a diachronic approach nor the
preponderance of a modality of treatment over the other, it clearly appears,
as far as prehistoric societies are concerned, that, in the first place,
particularly at the junction between the first and second millenium AD,
these groups implemented funeral gestures of a similar complexity to that
of the Kanak societies in the XIXth century, and secondly, that some adolescents
could be given a funerary treatment apparently restricted to elder men
in traditional societies.
Key words : Burial, New Caledonia, archaeology, site of Lapita, bio-archaeology.
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