Description
Si, en Nouvelle-Calédonie, exemple type d’une civilisation de l’igname, les Kanak assuraient leur autosubsistance essentiellement par l’horticulture des plantes à tubercules, la pêche n’y jouait pas moins un rôle important. Activité presque exclusivement masculine, elle était surtout le fait de certains groupes de parenté, les clans dits pêcheurs, qui pratiquaient généralement ensemble cette activité coutumière pour nourrir la population et assurer les échanges coutumiers, même si une autre pêche, plus individuelle et d’autosubsistance, pouvait être pratiquée par tout un chacun à la condition qu’elle ne vise pas les poissons coutumiers. Détenteurs des pouvoirs rituels indispensables à la pratique de la pêche, les clans pêcheurs avaient également en charge la fabrique des engins nécessaires à la pratique de leur activité, pirogues comprises. Dans cet ouvrage d’anthropologie maritime, l’auteur nous présente un inventaire des techniques de pêche traditionnelle et leurs évolutions techniques depuis la colonisation. Elle en replace les pratiques dans l’organisation sociale de l’île des Pins et de Goro (au sud de la Grande Terre), de façon à mettre en lumière les rôles et les fonctions des clans pêcheurs au sein des ensembles sociopolitiques dans lesquels ils s’inscrivent, chaque unité de parenté étant détentrice d’un rang et d’une responsabilité sociale, politique et religieuse (maître de la terre, guetteur-messager, gardien de magies, orateur, etc.). La fonction de pêcheur peut être détenue par des groupes de différents statuts politiques (chef, ancien, guerrier…), dont l’autorité vient de la possession des rituels et magies propitiatoires correspondantes. Elle semble être la seule à reposer sur une spécialisation purement technique. Cet ouvrage donne une large place à l’anthropologie, des techniques et comporte un grand nombre d’illustrations qui, jointes au texte, décrivent de manière détaillée les divers procédés de pêche et de fabrication, mais aussi une partie de la vie quotidienne de ces deux sociétés kanak de l’extrême Sud. Qu’en sera-t-il de ces pratiques dans un avenir proche ?